Deux nouvelles acquisitions pour le musée : Bonaparte et l’empereur

La vie de la collection 05/12/2021

Deux nouvelles acquisitions ont rejoint les collections du musée depuis quelques jours et viennent enrichir le fonds lié au 19 brumaire et à la présence de Napoléon à Saint-Cloud, actuellement présenté grâce à l’exposition-dossier « Saint-Cloud : de Bonaparte à Napoléon à travers les collections du musée ».
Ce sont deux œuvres de petite taille mais de grande qualité et de grand intérêt qui ont été acquises.

Nouvelles acquisitions

 

Le coup d’Etat du 18 Brumaire par Denis Auguste Marie Raffet (1804 – 1860)
Lavis avec rehaut de gouache, 1834
Coup d'Etat du 18 Brumaire

 

C’est tout d’abord un lavis de Denis Auguste Marie Raffet (1804-1860) représentant le coup d’État du 19 Brumaire. Dessinateur, graveur et peintre français, Raffet est surtout l’un des principaux illustrateurs de la légende napoléonienne, ce qui lui vaut une grande renommée.

Ce dessin marque un évènement majeur de la fin du 18ème siècle, à savoir la mort du Directoire. On y voit Lucien Bonaparte, frère de Napoléon, président du conseil des Cinq-Cents, qui tente à la tribune de calmer les députés du Conseil qui supportent mal la présence d’un militaire en armes dans une assemblée hostile aux conjurés. Bonaparte est représenté maître de lui, inaccessible à la panique face à cette agitation  grandissante. Il est encerclé et deux députés s’avancent vers lui, munis de poignards. Les partisans de Bonaparte sauront tirer profit de cette situation, évoquant une tentative d’attentat contre la personne de Bonaparte, qui devra être évacué par un grenadier. Cette représentation nourrit la légende napoléonienne montrant un Napoléon triomphant alors que dans la réalité, il aurait été prêt à défaillir.

Cette œuvre s’inscrit dans la réalisation d’une série de petites vignettes qui servirent à illustrer l’ouvrage intitulé Musée de la Révolution chronologie de 1789 à 1799, orné de 45 gravures sur acier et 24 vignettes sur bois, rédigé par Thiers, Montgaillard, Mignet, Lacretelle…(Paris Perrotin éditeur, 1834). Cette représentation clôture le livre faisant ainsi la transition historique avec l’ouvrage intitulé Vignettes et portraits [gravés sur acier] pour le Consulat et l'Empire, par Adolphe Thiers (1797-1877), illustré par Raffet (Furne édition, 1845, Paris).

Bien qu’il  n’ait pas connu la période impériale, les dessins de Raffet donnent l’impression de regarder des croquis pris et exécutés sur le vif.

Ce lavis est présenté en regard d’une gravure exécutée d’après ce dessin, déjà présente dans les collections du musée et d’un exemplaire de l’ouvrage Musée de la Révolution chronologie de 1789 à 1799, orné de 45 gravures sur acier et 24 vignettes sur bois écrit par Thiers, Montgaillard, Mignet, Lacretelle et conservé à la médiathèque de Saint-Cloud.

Cet achat permet au musée d’enrichir ses collections d’un petit lavis post-révolutionnaire d’une grande qualité d’exécution dont la composition puissante est pleine de vie et d’originalité. De plus le dessin est mis en valeur par son cadre d’époque empire, en bois doré et décoré de palmettes.

 

Portrait de Napoléon par Jean-Marie Dupont-Pingenet ( ? - ?) , D’après le tableau de Jacques Louis David (1748-1825) intitulé Napoléon Ier dans son cabinet de travail à 4 heures du matin, (1812), conservé au National Gallery of Art à Washington
Huile sur carton, 1822
Portrait de Napoléon par Dupont-Pingenet

 

Le musée des Avelines ne possédait pas encore de portrait peint de Napoléon Ier et c’est chose faite avec cette copie d’un portrait de l’empereur réalisé par le célèbre Jacques-Louis David.

Jean-Marie Dupont-Pingenet est un artiste dont nous savons peu de choses mais il est connu et reconnu pour ses qualités de peintre miniaturiste et réalise des portraits à l’huile, sur ivoire et porcelaine.  Il fut un des élèves de l’atelier de Jacques Louis David, peintre officiel de l’empereur depuis 1804. C’est sûrement dans cet atelier, que Dupont-Pingenet a réalisé des esquisses du portrait original en 1812 pour réaliser ce portrait en buste de Napoléon en 1822.

Napoléon y est représenté en uniforme bleu à revers blancs de colonel des Grenadiers à pied de la Garde Impériale, arborant les décorations des deux ordres qu’il a fondé : La Légion d’honneur (fondée en mai 1802) mais aussi la médaille de la Couronne de Fer (fondée en juin 1805) ainsi que la plaque de Grand Aigle. Cette miniature tout en finesse est une copie du célèbre portrait en pied de Napoléon Ier dans son cabinet de travail à 4 heures du matin, daté de 1812 et exécuté par Jacques Louis David. David en exécute deux versions légèrement différentes. La première version est une commande passée à David en 1811 par le Marquis Alexandre Douglas, lord écossais et futur duc de Hamilton. L’œuvre est achevée en mars 1812.

Napoléon Ier dans son cabinet de travail - Jacques Louis David
Jacques Louis David (1748-1825), Napoléon Ier dans son cabinet de travail, huile sur toile, 1812
Washington, National Gallery of Art
Crédits : NGA (domaine public)

 

Dans cette œuvre, Napoléon est représenté posant dans son Cabinet de travail dans le palais des Tuileries. David campe l’Empereur en chef d’État actif en son palais des Tuileries à toute heure du jour et de la nuit. Ce tableau connait un réel succès et est considéré comme étant le plus ressemblant de l’Empereur alors âgé alors de 42 ans.

Le portrait n’idéalise pas le sujet. Il le représente sans complaisance, le visage un peu bouffi, avec un profond réalisme et dans le souci d’un détail presque photographique. Tout dans ce tableau suggère que Napoléon, comme il en avait coutume, a passé la nuit à travailler.

Heureux du succès de ce portrait, David décide de réaliser une deuxième version, légèrement modifiée : Napoléon y est représenté en uniforme de chasseur à cheval de la Garde.

Après quelques péripéties, le second portrait est acheté par Napoléon III en 1860 et orne les murs du palais des Tuileries. Longtemps conservé par les descendants des Bonaparte, ce tableau est entré dans les collections du château de Fontainebleau depuis quelques mois. Le premier portrait est quant à lui conservé à la National Gallery of Art de Washington.

 

L’huile sur carton exécutée par son élève Jean-Marie Dupont-Pingenet est une copie joliment peinte. Elle se rapproche de la première version réalisée par David en se concentrant sur la figure. La seule variante au portrait est la couleur du liseré bleu (ou passepoil) sous le plastron qui diffère du liseré rouge de l’original.

 

Dans cette petite peinture, l’auteur y exprime tous ses talents de miniaturiste. Napoléon est représenté en buste, il fixe le spectateur en tenant sa main droite dans son gilet. Dupont-Pingenet adoucit  le portrait de l’Empereur qu’il représente sous des traits de visage plus fins avec regard est moins sévère que dans l’œuvre originale. David voulait un rendu réaliste de l’Empereur fatigué par le travail accompli jusque tard dans la nuit. Dupont-Pingenet réalise le portrait un an après la mort de Napoléon au moment où la légende Napoléonienne est en plein essor. Cette œuvre répond  probablement à la commande d’un amateur nostalgique de l’ère napoléonienne.

Le tableau est joliment encadré avec un cadre époque Empire mettant ainsi le portrait en valeur.

 

Vous pouvez venir admirer ces deux nouvelles acquisitions dans notre exposition-dossier « Saint-Cloud : de Bonaparte à Napoléon à travers les collections du musée », présentée jusqu’au 23 décembre 2021.

 

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